Kelsey, l'une de nos nouvelles ambassadrices du Réseau des jeunes, partage son expérience de la gestion des TOC face aux incertitudes et aux décisions de l'âge adulte.
Voici le premier article d'une nouvelle série de blogs consacrée au partage d'histoires personnelles, de parcours et de points de vue sur la santé mentale de la part de membres de notre communauté.
"Quand vas-tu te marier ? Pourquoi vis-tu toujours à la maison ? Quand allez-vous avoir des enfants ? Qu'est-ce que tu vas faire comme travail ? Pourquoi ne vas-tu pas à l'université ?" Ce ne sont là que quelques-unes des questions que les jeunes adultes, comme moi, se posent apparemment tous les jours. Les jeunes adultes ressentent constamment la pression d'avoir les réponses parfaites aux plus grandes questions de la vie. Heureusement (ou pas) pour moi, je viens d'avoir 24 ans, en plein milieu de la phase "tu devrais avoir compris ta vie dès maintenant".
Je souffre d'anxiété depuis l'âge de quatre ans, et ce qui a commencé comme une anxiété de séparation et des "pensées effrayantes" s'est rapidement transformé en une peur de me faire du mal et de faire du mal aux autres, ainsi qu'en des pensées intrusives d'attirances inappropriées. En plus de ces pensées, je ressentais le besoin d'accomplir de nombreux rituels. Je pensais que ces rituels assureraient ma sécurité et celle des autres. J'ai découvert par la suite que les pensées intrusives et les rituels que je vivais étaient des symptômes très courants du trouble obsessionnel compulsif (TOC). Ces pensées étaient si pénibles pour moi que j'évitais presque toutes les situations qui déclenchaient des pensées intrusives, je demandais constamment aux gens de me rassurer et je passais mentalement en revue chaque moment de ma journée pour m'assurer que je ne mettais aucune de ces pensées à exécution. À certains moments, je me suis retrouvée confinée à la maison et complètement incapable de m'occuper de moi-même. Il me fallait toute mon énergie pour faire face aux moindres activités normales.
Je n'ai jamais vécu les expériences typiques du "passage à l'âge adulte" que la société attend des gens de mon âge ; je n'ai pas obtenu mon diplôme avec mes amis, je n'ai pas eu de rendez-vous, je n'ai pas obtenu mon permis de conduire, je n'ai pas eu de travail, je n'ai pas voyagé après le lycée et je ne suis pas allée à l'université. Alors que mes camarades avaient l'impression d'avancer à l'école, au travail et dans leurs relations, j'étais coincée à la maison, confinée dans les règles selon lesquelles les TOC contrôlaient totalement mes pensées et mes comportements.
L'année dernière, j'ai passé quatre mois dans un programme de traitement résidentiel pour mes TOC. Ce fut l'une des choses les plus difficiles que j'aie jamais eues à faire, sachant que j'allais passer des journées entières à me confronter aux choses mêmes que j'avais passé près de dix ans à éviter. J'ai dû apprendre à faire face à l'incertitude, à accepter le fait que je ne saurais jamais avec certitude si mes pensées signifient quelque chose à mon sujet ou si elles peuvent se réaliser. C'était une étape de mon voyage vers le bien-être que je savais devoir être franchie.
Aujourd'hui, cela fait près d'un an que j'ai quitté le programme et je suis heureuse de pouvoir dire que je parviens à gérer mes TOC et mon anxiété mieux que je ne l'ai jamais fait par le passé. Cependant, ce succès énorme s'est accompagné d'une nouvelle bataille. Une fois que j'ai commencé à me sentir mieux, personne ne m'a dit que le vrai défi serait de réapprendre à vivre. J'ai passé tellement d'années à essayer de survivre que j'ai oublié ce que c'était que de vivre. Je ne savais pas comment être indépendante et comment prendre soin de moi sans les barrières des TOC qui me retenaient. J'avais la liberté du monde devant moi et cela me terrifiait. J'avais le choix - en fait, un nombre illimité de choix. L'idée que je pouvais aller où je voulais, faire ce que je voulais et devenir qui je voulais était tout aussi excitante que bouleversante. J'ai dû apprendre à accepter de ne pas connaître les réponses, surtout dans un monde qui commençait à s'ouvrir à moi.
Accepter de ne pas connaître les réponses est un travail constant pour moi, mais j'y travaille. Je n'ai pas écrit ce billet pour vous donner une réponse, mais pour vous rappeler que vous n'êtes pas le seul à ressentir la pression de devoir tout comprendre dans la vie. Je suis ici pour vous rappeler (et me rappeler à moi-même) que nous n'avons pas besoin de tout comprendre. Nous n'avons pas besoin de connaître le chemin exact que nous voulons prendre dans la vie. Nous n'avons pas besoin de nous conformer à la pression sociétale qui veut que tout le monde ait sa vie en main à un certain âge. Nous devons simplement nous rappeler de prendre soin de notre santé mentale et de faire chaque jour de petits pas qui nous mèneront sur le chemin que nous sommes censés emprunter depuis le début. Quelle que soit la forme que prend ce chemin pour vous, n'oubliez pas que vous n'avez pas besoin de connaître toutes les réponses tout de suite, et que même si vous ne les connaissez pas, c'est tout à fait normal.
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